Politique et Droit

Élections municipales 2024 : la Turquie aspire au changement4 min read

Temps de lecture : 3 minutesLe président du CHP, Özgür Özel, s'est adressé à la foule rassemblée devant le siège du CHP après les résultats des élections municipales du 31 mars 2024. (© crédit : CHP) Avr 2, 2024 3 min

Élections municipales 2024 : la Turquie aspire au changement4 min read

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Les élections municipales turques de 2024 ont marqué un tournant historique dans la politique du pays. Le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition social-démocrate, a réalisé son meilleur score depuis 1977, s’imposant comme le grand vainqueur de ces élections.

Le CHP a remporté les plus grandes villes du pays : Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa, Antalya, Adana et Mersin. À l’échelle nationale, il a devancé le Parti de la justice et développement (AKP) du président R.T. Erdogan, remportant 37,76 % des voix, contre 35,48 % pour l’AKP. Le président Erdogan avait l’habitude de déclarer : « Qui remporte Istanbul remporte la Turquie ». Mais cette fois-ci, regrettant les résultats obtenus, le chef de l’État a exprimé sa déception lors d’une allocution tenue au siège de son parti à Ankara. Il a ajouté : « Nous analyserons ouvertement les résultats au sein de notre parti et ferons notre auto-critique. (…) Nous ne manquerons en aucun cas de respect à la décision de notre nation. Nous éviterons de nous entêter, d’agir contre la volonté nationale et de remettre en question le jugement de notre nation ».
Néanmoins, les candidats de l’AKP sont restés en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie telles que Konya, Kayseri, Erzurum, ainsi que dans des villes de la région de la mer Noire telles que Rize et Trabzon, qui sont des bastions de Recep Tayyip Erdogan.

Les résultats témoignent d’une volonté de changement de la part des électeurs et ont ouvert la voie à une nouvelle ère politique dans le pays. Comme l’indique Le Grand Continent, ce qui explique ce succès c’est principalement la situation économique économique du pays : l’inflation se situait à 67,1 % en glissement annuel en février (On peut parler d’hyperinflation). Selon les données de l’Agence de planification d’Istanbul, le coût de la vie dans la ville a augmenté de 81 % sur l’année.
Il convient de noter que les partisans kurdes (ou pro-kurdes) ont pu voté de manière stratégique, en choisissant le principal opposant au gouvernement actuel, ce qui a potentiellement renforcé le soutien en faveur du CHP. Ils ont néanmoins garder leurs bastions du Sud-Est avec des victorieux du parti DEM (pro-kurde). De plus, Kemal Kılıçdaroğlu, qui a dirigé le CHP pendant plus d’une décennie, a quitté la présidence du parti en novembre 2023 après la défaite aux présidentielles. Il a été remplacé par Özgür Özel, qui a a priori conduit le parti à cette victoire. 
Un autre facteur à considérer est que le vote des ultraconservateurs a propulsé le parti Yeniden Refah (Nouveau parti de la prospérité, YRP), ce qui a eu pour effet de diviser les voix de l’AKP. Ce parti s’est ainsi affirmé comme la troisième force politique lors de ces élections municipales, récoltant 6,2 % des suffrages à l’échelle nationale.

À Istanbul, la plus grande ville du pays, le maire conservateur du CHP, Ekrem İmamoğlu, a été réélu avec 51,14 % des voix. À Ankara, Mansur Yavaş, du même parti, a recueilli 60,38 % des voix. Enfin, à Izmir, Cemil Tugay du CHP a remporté les élections avec 48,96 % des voix.

Le président du CHP, Özgür Özel, s’est adressé à la foule rassemblée devant le siège du CHP après les résultats des élections municipales du 31 mars 2024. (© crédit : CHP)
Le président du CHP, Özgür Özel, s’est adressé à la foule rassemblée devant le siège du CHP après les résultats des élections municipales du 31 mars 2024. (© crédit : CHP)

«L’alliance turque a gagné, la Turquie a gagné. Il n’y a pas de perdant dans cette élection. »

Özgür Özel, 31 mars 2024
L'origine du CHP - © L'humain
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